Violence de genre : mythes et réalité
«Il nous incombe, à nous tous, de prévenir et de combattre la violence à l’égard des femmes et des filles, en commençant par remettre en question la culture de la discrimination qui la perpétue», a déclaré le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-Moon. Afin d’impliquer l’ensemble de la société dans cette lutte urgente et nécessaire, l’ONU a institué la Journée Internationale pour l’Elimination de la Violence Faite aux Femmes le 25 novembre de chaque année.
Ainsi que Ban Ki-Moon l’a dit si justement, la culture et les normes sociales influencent grandement la présence de violence masculine à l’encontre des femmes. Ces normes incluent : considérer qu’une telle violence est tolérable, normale ou légitime, valoriser les rôles de genre traditionnels (par exemple, croire qu’il est acceptable et valide pour un homme de se comporter de manière violente pour prouver sa masculinité ; ou que les femmes sont responsables des abus qu’elles subissent), et maintenir des inégalités entre les femmes et les hommes (source 1, source 2). Structurant les attitudes et comportements considérés comme acceptables d’un groupe/société, ces règles tacites pourvoient aussi la grille d’interprétation des violences masculines faites aux femmes. Il est donc nécessaire de déconstruire les nombreuses idées fausses et mythes sur ce sujet, et de rétablir les faits pour faire vaciller la culture de violence de genre.
Les fausses croyances des causes et conséquences de la violence de genre sont un obstacle conséquent à son élimination. En effet, elles empêchent souvent les victimes de parler et d’être prises au sérieux, tout en minimisant ou légitimant les abus. Voici donc listés quelques faits au sujet de la problématique complexe des violences de genre.
- Les violences faites aux femmes sont un large phénomène. En Europe, une femme sur trois a été violentée physiquement et/ou sexuellement depuis l’âge de quinze ans (source 3).
- La violence conjugale est l’une des formes les plus étendues et graves de violence de genre. C’est rarement un acte isolé. Bien au contraire, la violence physique est l’un des multiples moyens permettant d’instaurer et de maintenir une relation de pouvoir sur sa partenaire. Ce processus implique l’usage répété d’un certain nombre de tactiques (intimidation, isolation, dépossession économique, etc.)
- L’un des mythes les plus tenaces est que les violeurs sont inconnus de la victime. En réalité, les agressions sexuelles sont principalement commises par des personnes connues (67% en Europe). Il faut ajouter que sans consentement clair, une relation sexuelle est un viol, et qu’aucune robe, aucun maquillage ou comportement «provoque» un viol. Les victimes ne sont jamais responsables pour le choix du violeur, il est responsable de ses actes.
- Les violences faites aux femmes peuvent avoir de sérieuses conséquences sur leur santé physique et mentale, allant de : l’anxiété, la méfiance envers les autres, la dépression, les blessures, handicaps, les problèmes chroniques de santé, le syndrome de stress post-traumatique, jusqu’à la mort (source 4).
- Les auteurs et victimes des violences de genre sont de toutes origines sociales, économiques et culturelles. Il est par ailleurs utile de mentionner que statistiquement, les hommes ayant des maladies mentales ne sont pas plus dangereux que d’autres dans la population globale (source 5).
- De nombreuses raisons peuvent empêcher une femme de quitter une relation abusive. Tout d’abord, c’est très probable que cela fasse augmenter les violences et abus, et il y a un risque réel d’être tuées par l’abuseur (Plus de femmes sont tuées par leur partenaire après qu’elles l’ait quitté, que lorsqu’elle vivent avec lui). En outre, de nombreux obstacles émotionnels (baisse de l’estime de soi, culpabilité, lien traumatique), spirituels, économiques et financiers doivent être surmontés avant qu’une personne abusée puisse partir (source 6, source 7).
Le projet CARVE est un pas de plus dans le mouvement global vers l’élimination des violences de genre. Nous sommes convaincus qu’impliquer les entreprises dans cette lutte contribuera à augmenter la prise de conscience sur ce sujet et fournira aux femmes qui sont/ont été dans une situation de violence de genre des solutions pour s’en sortir et du soutien pour se reconstruire. Les huit partenaires de ce projet de deux ans co-financé par la « «DG Justice: Programme Daphne«» de la Commission Européenne sont déterminés à fournir aux entreprises des instruments pour aborder la question des violences domestique au travail.
Les séminaires nationaux ont jusqu’à présent été menés en Bulgarie, Espagne, France et Belgique. Le séminaire grec sera organisé en Décembre (le programme sera publié sur le site web du projet CARVE
Ces événements permettront de présenter les conclusions des rapports nationaux et d’ouvrir un débat public. Les éléments qui ressortiront de ces deux activités permettront enfin de rédiger un Guide Européen de Bonnes Pratiques destinés aux entreprises et aux politiques afin de leur donner une meilleure vision de la situation européenne concernant les violences domestiques ainsi que les meilleurs outils pour assister les victimes. Il sera présenté lors de la conférence Européenne qui aura lieu à Bruxelles le 16 juin 2016.