NL #CARVEDaphne – Juin 2015

Le vent du changement souffle sur le monde professionel

Depuis les années 1970, la conception traditionnelle des violences conjugales masculines commises contre les femmes comme relevant du domaine privé est remise en cause. Elle est à présent vue comme un problème social et politique. Cette reconnaissance est indispensable pour engager les Etats et acteurs sociaux dans une lutte résolue contre ce fléau social. Cependant, pendant longtemps les entreprises n’ont pas été impliquées dans la résolution de ce phénomène, comme si cette violence n’affectait pas la vie professionnelle et le lieu de travail de la victime et de l’agresseur.

C’est en train de changer. En 2004, Porto Rico a adopté une loi autorisant les employeurs à solliciter un ordre de protection pour une employée victime de violences conjugales. En 2006, une nouvelle loi est venue renforcer cette disposition en obligeant les entreprises à adopter des protocoles pour aborder la violence conjugale depuis le lieu de travail. En effet, se rendant compte de l’étendue et la gravité des violences conjugales que subissent les femmes, le pays a décidé qu’il était nécessaire d’impliquer tous les acteurs sociaux, dont les entreprises. Ils ont étudié les conséquences de telles violences pour les entreprises, comme la perte de productivité et les risques en termes de sécurité, et souligné le rôle important que les entreprises peuvent jouer dans la lutte contre cette forme de violence de genre.

En 2011, l’Australie a lancé le programme «Safe at Home, Safe at Work». Son objectif est d’évaluer l’impact des violences conjugales sur la vie professionnelle et le lieu de travail de la victime et de l’agresseur, ainsi que de soutenir la mise en place de politiques abordant la violence domestique depuis le lieu de travail. Travaillant nationalement avec des employeurs et des syndicats partenaires, les responsables du projet ont négocié avec succès l’introduction de droits liés aux violences conjugales dans des accords et récompenses professionnelles. Au Canada, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, des universitaires, des syndicats et des institutions publiques étudient cette problématique, créent des ressources et promeuvent le développement de politiques abordant les violences domestiques dans le lieu de travail.

Le projet CARVE s’inspire de cette tendance positive et aspire à favoriser l’implication des entreprises européennes dans la bataille contre la violence fondée sur le genre. Les huit partenaires de ce projet de deux ans co-financé par la « «DG Justice: Programme Daphne«» de la Commission Européenne (France, Espagne, Grèce, Belgique et Bulgarie) sont en train de finaliser leurs rapports nationaux synthétisant leur recherche et les entretiens qu’ils ont menés avec les principales parties intéressées (Entreprises, ONG, administrations publiques, syndicats) afin de réunir les bonnes pratiques de chaque pays. Ces informations seront ensuite assemblées dans des études nationales qui serviront de base à l’organisation de séminaires nationaux. Les éléments qui ressortiront de ces deux activités permettront enfin de rédiger un Guide Européen de Bonnes Pratiques destinés aux entreprises et aux politiques afin de leur donner une meilleure vision de la situation européenne concernant les violences domestiques ainsi que les meilleurs outils pour assister les victimes

image: CC BY-SA 4.0-3.0-2.5-2.0-1.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0-3.0-2.5-2.0-1.0)], via Wikimedia Commons